CONSCIENCE
Menée par ma crainte croyant à mes chimères
Incontestablement
Je refoulai les joies d’un amour éphémère
Presque insensiblement
Je rêvais d’un bonheur au-delà des nuages
Superficiellement
Illusions de vingt ans reçues en héritage
Indiscutablement
Les années ont passé; je me suis reconnue
Dans une déception
Qui donna à ma vie un visage inconnu
Très digne d’attention
J’ai suivi son chemin sans trop savoir pourquoi
Sans préméditation
J’ai mué dans la nuit, au dur appel du roi
Dans la méditation
Je ne regrette rien car j’ai compris un jour
Saisie par l’évidence
Que quelqu’un m’attendait sur la rue d’amour
J’ai repris ma confiance
Je ne vis plus de rêves et je reste fidèle
À toutes ses exigences
Qui conduisent à la joie d’un bonheur éternel
Je vis dans l’espérance
Petite fille de la foi qui me tendait la main
(1947)
ALLÉLUIA! ALLÉLUIA
Jadis en ce matin entre tous radieux
Où Jésus crucifié ressuscitait des morts
Yhavé nous accordait la Rédemption promise
Établissant son Christ Sauveur et Fils de Dieu
Unis et délivrés par ce saint Rédempteur
Sortons de la mort et que nos âmes soumises
Entonnent les accents qui traduisent l’accord
Saisi soudain entre nos maux et Sa splendeur
Paix et résurrection nous a léguées le Maître
Âme, corps amortis renaissons à sa flamme!
Que nous conquière le soleil de ce matin!
Une chaude espérance a rénové notre être
Et c’est partout pour nous que les cloches acclament
Sa majesté le Christ et son pouvoir divin!
Publié et paru le 30 mars 1961 en première page dans le journal La Tribune de Hull.
REQUIEM POUR UN DÉPART
Le voile du silence est tombé sur toute parole
Et l’angoisse qui nouait notre gorge
A mis nos lèvres hors d’usage
Et la vanité de tout destin nous a atteint
Comme une vague de froid empoigne jusqu’aux racines
Nos regards vidés de toute musique
Flottaient dans l’air privé de vibrations
Et nos corps meurtris
Glissaient l’un contre l’autre sans se toucher
Et nos cœurs gonflés par la stupeur
Avaient bariolé de pourpre des joues vidées de leur sève
Car le sang a envahi l’absence
Et le souvenir s’est figé
Sur l’écran endeuillé de nos cœurs
Comme un film de jeunesse en plein tournage
Une image venait de prendre place
Dans le musée de la mémoire
À mesure que la nuit envahissait la ville
Nous voilà, engloutis sous les vagues du soir
Et nous tentons de faire surface pour cingler
Vers l’estuaire de l’espoir
Comme des marins perdus cherchent la Croix du Sud
Le sang a envahi l’absence
PRIÈRE
Prière! Cure précieuse aux angoisses
Séraphique bouclier d’Amour
Et tombeau des vains raisonnements
Apaise nos cœurs insensés
Douce prière!
Prière! Abrite ceux que j’aime
Au Sein des liens éternels
Panse mon amertume et glisse
Baume reposant vers l’amitié
Chœur de prière!
Prière! Nourriture des martyrs
Lit où se couchent nos solitudes
Brûlant silence!… Viens à jamais
Souder mon cœur à l’âme amie
Merveilleuse prière!
Prière! Clef certaine du matin
Où grimpent les liserons divins
Mouvement diurne des soirs sereins
Tiens verrouillée nuit sans étoile
Éternelle prière!